Pointe de la Gaspésie à vélo
En août 2025 nous avons pédalé en Gaspésie, péninsule de l'est du Québec. Ce voyage d'une dizaine de jours depuis Sainte-Anne-des-Monts à travers le Parc National de la Gaspésie vers New Richmond et Percé s'est achevé à Rivière-au-Renard où nous avons pris le bus pour retourner à Saint-Anne. Cinq cents kilomètres d'océan à notre droite, de soleil au dessus, de côtes raides, d'eau beaucoup trop froide pour un français et bien trop attirante pour ne pas s'y plonger pour une québecoise ont fait ressurgir des sensations et souvenirs pour l'un et découvrir une nouvelle façon de voyager pour l'autre.
Et on a vu un ours.
Samedi 2: Québec / Bic
- Nuit: Camping du Parc National du Bic
Les bagages sont faits, les vélos derrière la voiture. On dit au revoir aux enfants de Florence, en vacances à Québec, et on démarre, direction le Parc National du Bic.
Oui, on pourra dire que c'est le ciel rose se couchant sur une demi-lune qui nous a amené au Bic. Ou bien ce grand héron, Cerbère de notre première balade le long du lac à la recherche de phoques.
Oui, on pourra dire.






En fait, c'était surtout la perspective de manger chez Saint Pierre, un restaurant connu du Québec, qui nous fait s'arrêter au Bic ce soir. Très bon choix d'ailleurs, on recommande le resto.



Ce soir, dans la pénombre calme de la tente, j'écoute Animals de Pink Floyd. J'ai emprunté un lecteur MP3 tout simple à la bibliothèque à côté de chez moi. Dedans: des albums, des artistes que je n'ai jamais écouté. Ma liseuse tombée en panne, la lampe frontale économisée pour les urgences, je m'enfonce dans mon sac de couchage, des écouteurs aux oreilles, et j'écoute de la musique sans rien d'autre. Cela n'était plus arrivé depuis les intégrales de Renaud, à 29 ans, lors des premières nuits en Belgique vers l'Australie.
Dimanche 3: Bic / Parc de la Gaspésie
- Distance à vélo: 40 km
- Nuit: Parc de la Gaspésie, Camping de la rivière
Breuvages jut'œufs, gauffre œufs'ropéennes, menus mystéri'œufs... Nous prenons un dernier petit-déjeuner Chez Œufs à Rimouski, à la carte chargée de jeux de mots. À Saint-Anne-des-Monts nous laissons la voiture devant le point d'information touristique: on se demandait où nous allions pouvoir la garer, mais il semblerait qu'on ne soit pas les premiers à faire de même. On charge les vélo sur le parking, une dernière course et puis nous voilà au pied de la montée vers le Parc de la Gaspésie.
Cette première vraie étape annonce la suite du voyage. Pendant 40km nous montons, sur 3 côtes à la suite, entourés d'une forêt dense. Une petite pluie fine et agréable fait parfois baisser la températures de nos jambes loin d'être aguerries à l'exercice. Et nous installons finalement la tente à l'ombre des arbres du parc.
Trois cyclises y font également bivouac pour la nuit: elles arrivent du Sud et traverseront la Gaspésie vers l'est à travers les chemins de gravier pour rejoindre Gaspé.






À l'acceuil du parc j'ai demandé deux glaces pour fêter ces premières pentes. On m'a indiqué les bacs dehors. Dehors ? Mais pourtant le réfrigérateur est à l'intérieur ? Allons-donc, sa langue de la dame de l'accueil aura fourché. Je prends donc deux cônes sur le chemin vers la tente. Plusieurs jours plus tard, le quiproquo est avéré: j'aurais dû demander deux crèmes glacées, et pas deux sacs de glaçons…
On passera un long moment à simplement regarder deux bras d'eau se mélanger dans le calme à l'orée du bois, sous un autre ciel rose Gaspésien.






Ce soir, je m'endors avec The Blueprint, Jay-Z.
Lundi 4: Parc de la Gaspésie
- Nuit: Parc de la Gaspésie, Camping de la rivière
Au sommet d'une tour de point nous rejoint un marcheur et son minuscule chihuahua. On plaisante vite sur cette bête sauvage, on lui demande si il part à la chasse aux ours avec. Beau joueur, on lui suggère d'emmener son fauve à la chasse à l'orignal. On sourit en imaginant les 1.5kg du petit chien face à la demi-tonne de l'élan. Le maître fini par nous donner son nom: Brutus ! Larmes de rire…



La journée d'hier nous a fatigué plus que nous le pensions. Florence dors presque toute l'après-midi à l'ombre de la tente, pendant que j'investi de grandes quantités de nos noix à apprivoiser la faune locale. Timides au début, écureils et tamias perdent ensuite vite patience quand leur tribu de noisettes n'est pas déposé séance tenante sur la table en bois du camping. Ils me grimpent dessus pour monter plus vite et me rappeler à mes devoirs. Nous sommes chez eux, après tout.
Ce soir j'écoute pour la première fois de ma vie une compilation de Joy Division. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il va me falloir une sérieuse discussion avec un fan et beaucoup de temps pour qu'on m'explique le génie du groupe.


Mardi 5: Parc de la Gaspésie / New Richmond
- Distance à vélo: 110 km
- Nuit: Camping de la Pointe Taylor
Arrêtés en pleine montée pour boire de l'eau, on se retourne sur une masse noire qui traverse la route déserte d'un pan de forêt à l'autre: un ours sauvage vient de passer à quelques dizaines de mètres de nous ! On se tournera vivement vers le moindre bruit du moindre buisson tout le reste la route, répétant entre deux coups de pédales nos scénarios de fuites ou d'intimidation.



L'arrivé à New Richmond est interminable. Là on où pensait arriver à destination après 90km, on se rend vite compte qu'il nous restait encore 20 bons kilomètres sous le soleil sur une route creusée d'un sillon permanent nous emmenant de côtes en côtes vers, enfin, le littoral. À la dernière pause, quelque chose ne va pas: on connait les sensations d'un corps exténué, mais là l'épuisement est différent. Au camping, une courte marche est un calvaire. Écroulé sur la table, on compte les symptômes: fatigue intense, froid, impossibilité d'avaler quoi que soit. Aucun doute, je suis victime d'une insolation. Je m'écroule dans la tente sitôt montée.
Cette nuit, et jusqu'à la fin, je n'écouterai plus de musique avant de dormir: la fatigue de la journée emportera systématiquement au soir avec elle toute vélléité mélomane.
Mercredi 6: New Richmond / Port-Daniel
- Distance à vélo: 85 km
- Nuit: Motel de l'Anse
L'insolation d'hier complique le départ ce matin. Fatigue, hypoglycémie, déhydration: on guette les dépanneurs pour faire une pause et le plein de Gatorade. C'est très mauvais, mais efficace. L'après-midi se passe mieux. Le vent dans le dos nous pousse jusqu'aux derniers 200m du Motel de l'Anse où des travaux nous empêches de l'atteindre ! Il nous refaire quelques kilomètres et une belle côte pour enfin planter la tente à quelques dizaines de mètre de l'océan. Nos voisins sont de joyeux groupes de retraités en vans se retrouvant tous les ans sur les routes. Nous voyant nous coucher avant le soleil, épuisés, la troupe, déjà passablement éméchée autour d'un feu, nous rassure : "ne vous inquiétez pas, à nos âges, on ne se couchent pas tard !".



Nous sommes réveillés en pleine nuit par des explosions à proximité: quelqu'un fait craquer des feux d'artifices sur la plage ! Surprenant, mais bref, on se retourne ensuite dans nos sacs de couchage pour finir la nuit. Au petit matin, en revenant d'un tour près de l'eau, dépassent du camion de nos voisins immédiats une boite de feux utilisés. Le sympatique coupable est batteur pour Vince Lemire, un chanteur de country francophone. On avait un peu discuté la veille: il est là avec sa famille pour jouer un concert le lendemain même ("après être allé à la pêche le matin") dans un festival de la région. Le gars avait l'air vraiment heureux et gentil. Pour sa petite fille, on dirait une grande bande de cousins qui s'occupent d'elle et l'emmènent se balader.
Flo prends son premier bain d'eau glaciale ce soir. "Mais si elle est bonne !". Elle est bonne… Non mais sérieusement… Mon intégration culturelle au Québec a ses limites et ma limite, c'est 20°C dans l'eau.
On réalisera plus tard que dans cette baie se trouve un des principaux pollueurs atmosphérique de la province, la cimenterie McInnis. Florence est toutefois sortie intacte de l'eau, à ce jour.
À la sortie d'un parking on salue d'un signe un grand cycliste, lui aussi chargé de bagages.
Jeudi 7: Port-Daniel / Ory
- Distance à vélo: 65 km
- Nuit: Chez Morgane de BeWelcome
Alongé sur la plage du du Cap-d'Éspoir après ce qui nous a semblé être maintenant une "petite journée" de 65km, on attends que notre hôte de ce soir, Morgane de BeWelcome (un réseau d'hospitalité associatif), française venue s'installer en Gaspésie il y a quelques années, termine sa journée à la SEPAQ pour nous accueillir chez elle. Elle vit à quelques kilomètres de Percé sur une colline au milieu de ses chats, de ses poules, de son potager et de ses amis dispersés dans la région.
Les réseaux comme BeWelcome ont un fonctionnement simple: on s'incrit et on s'annonce "hôte" ou "voyageur". Un voyageur contactera ensuite des hotes de sa prochaine destination pour y trouver gîte, couvert ou simplement prendre un café pour identifier les points d'intérêts proches. C'est tout à fait gratuit, tout du moins sur BeWelcome, et presque 100% garanti de rencontrer quelqu'un de super, comme Morgane.





















Ce soir, on part à la cuillette aux bleuets sauvages à la lisière de bois fraîchement dégagé. Nous n'en trouverons aucune. Mais Morgane saura nous guider vers la meilleure poutine du coin, bien cachée au fond d'un quai d'une marina qu'on n'aurait jamais même pensé à explorer.
Sur la route on se fait dépasser par le même grand cycliste qu'on a salué hier.
Vendredi 8: Percé
- Nuit: chez Morgane de BeWelcome
Percé est un petit village de pêcheur de morue devenu touristique grâce à une arche rocheuse, le Rocher Percé. Florence prends le bateau pour la journée pour aller voir dans une île voisine une grande colonie de fous de bassants. Moi je reste au port. L'avant-veille n'a pas aboutie uniquement sur une insolation, j'ai dû aussi m'abimer un peu les yeux. Je profite donc de la journée pour passer de compresses tièdes sur les paupières aux lunettes de soleils, à ombre des multiples cafés de la rue principale, pour lire et écrire nos notes de voyages.
Au détour d'un arabica je rencontre une figure connue: le grand cycliste des derniers jours fait lui aussi étape à Percé ! On fait connaissance avec Boris Thebia, un reporter photographe guyanais établi à Montréál. Lui aussi pédale autours de la Gaspésie, mais il est parti depuis bien plus longtemps que nous, vu qu'il a tout fait à vélo jusqu'ici !












Sur le bateau Florence apprends que les requins blancs commencent à visiter plus souvent les rivages gaspésiens à la recherche de phoques. Ceux-ci sont beaucoup moins chassés maintenant. Forcément, leur population attire les prédateurs. Cela dit, la probabilité d'avoir 1) un requin assez téméraire pour se rapprocher autant des plages et 2) un québecois assez fou pour se baigner dans l'eau froide plus que quelques minutes est assez faible pour qu'il n'y ait vraiment de danger.
Samedi 9: Ory / Gaspé
- Distance à vélo: 80 km
- Nuit: Camping Fort Ramsay
Et pourtant, sur la carte, ça passait sans problème. Certe, on devait longer la plage. En effet, il était attendu que la route se rétrécisse. Quand on s'est mis à rouler dans le sable, on a commencé à douter. Et quand il a fallu monter les vélos sur la voie ferrée, il a fallu se rendre à l'évidence: non, ce petit raccourci scénique n'en était pas vraiment un. Et nous de pousser vélos et chargement sur plusieurs centaines de mètres, d'abord sur le ballast. Puis le cahot des traverses laisse une fois sur le pont la place à de petits joints de bois pour passer maladroitement de section en section à travers lesquelles l'eau s'agite sous nos pieds.
Eau, encore à -1000 degrés tout au plus, dans laquelle évidemment Florence finira par se baigner longuement.
La belle piste cyclable des derniers kilomètres jusque Gaspé devait nous emmener jusqu'à notre prochain contact, une amie recommandée par Morgane qui pouvait nous héberger la nuit. Mais elle était encore loin et le soleil se faisait bas. L'étape nous avait fatigué, nous avions manquions d'eau depuis un trop long moment: tant pis, on restera dans un camping à la sortie de Gaspé pour ce soir.















On retrouve une dernière fois Boris par hasard à l'entrée de Gaspé où il attends son covoiturage pour entamer le retour vers Montréal.
Dimanche 10: Gaspé / Forillon
- Distance à vélo: 50 km
- Nuit: Camping Cap aux Rosiers
"Oh la la, vous savez que vous n'êtes pas arrivés ?" nous dit la dame de Parc Canada, plein de compassion dans les yeux ?
L'épisode du manque d'eau de la veille nous a rendu un peu trop précautionneux: on s'est un peu trop chargé pour ce qui nous semblait une courte étape vers le Parc Forillon. Cette erreur va nous achever.
On arrive d'abord déjà fatigué après du vent de face et des longues montées à l'entrée sud du parc, celle qui nous permettait, selon la carte, de rejoindre notre point de chute du soir en prenant une plus petite route pour limiter le dénivellé. Cette route se trouve impracticable pour les vélos. On rebrousse donc chemin pour traverser le parc vers le nord. S'en suit une montée interminable, raide, traitre avec ses virages en côtes qui cachent une ligne de fuite toujours plus verticale. La pluie fine est bienvenue, mais elle masque les bruits de la lisière de la forêt, cette lisière qui égrenne régulièrement des traces de passage d'ours.
À l'enregistrement du Parc Forillon, la dame à l'accueil doit sentir notre épuisement. S'en suive quelques minutes de lutte contre l'informatique qui aboutira vers une place dans le camping le plus proche. On comprends son insistance en sortant du bâtiment administratif, quand on apperçoit la côte infinie, maléfique qui se perd dans la forêt vers on ne sait quel Tartare infernal.
Et on rit quand même un peu quand on pose la tente de ne pas avoir à la grimper.



On reste ce soir dans ce qui sera la meilleure nuit du voyage. Cachés dans des fourrés, on cuisine et se couche au son des vagues de l'océan tout proche. Il s'allonge dans une baie cintrées de hautes collines. On reste un long moment, assis sur les galets, à regarder les têtes des phoques plonger et remonter à la surface. Il reigne un calme, une atmosphère sereine dans le Parc Forillon, qui nous fait nous promette d'y revenir plus longtemps la prochaine fois.
Totalement inattendue était l'excellente pizza de Peppino qu'on a mangé ce midi. Le restaurant est comme sorti de la route pile au moment où l'on cherchait un endroit où s'arrêter.
Lundi 11: Forillon / Anse à Valleau
- Distance à vélo: 47 km
- Nuit: Chez Monia à Anse à Valleau
L'étape de la veille avait été trop difficile. Les vertiges ce matin sont de mauvaises augures. Au pied d'une énième côte, derrière une station service, à l'ombre sur un banc, Florence doit s'allonger pour ne pas flancher. On envisage des solutions, on compare les hypothèse, on s'active un peu autour d'elle. Marcel le propriétaire du garage trotte jusque chez lui et revient avec de la pastèque fraiche. Moi je roule jusqu'au dépanneur à côté trouver du Gatorade, nectar nécessaire quand l'hypoglycémie guette. Et notre nouvelle amie Monia s'enquiert des horaires d'un bus qui nous ramènerait jusque Saint-Anne.
Monia est de ces personnes dont on bénirait le ciel de nous les avoir mis sur notre route. Elle venait simplement faire réparer sa voiture. En attendant la fin des travaux, elle passe derrière la caisse, sert de l'essence aux clients, si bien qu'on la prend pour une employée. On discute, on sympathise un peu et très vite elle nous propose son aide, son gîte (on pourra dormir chez elle dans un vrai lit ce soir), son couvert ("j'ai des copines qui viennent, venez, ça va être drôle !") et son carosse. On mets un vélo sur le siège arrière, les sacoches dans le coffre, et voilà Florence embarquée jusqu'à une douche et une sieste au frais en quatre vrais mûrs de confort.
Moi je roule seul dans l'après-midi les 30 derniers kilomètres jusque Anse à Valleau chez Monia. Est-ce parceque je ne porte pas de sacs ? Est-ce parceque je sais Florence en sûreté ? Est-ce c'est le grisement de rouler à son propre rythme ? Est-ce les milliers de kilomètres du tour du monde qui reviennent d'un coup ? Je ne saurais dire, mais je me sens particulièrement de bonne humeur.
On me hèle presque au sommet d'une côte. Une petit dame, une bonne soixantaine d'années, extrèmement mince et bronzée, m'offre de l'eau fraîche. On reste un moment à papoter, où j'apprends d'une phrase de 10 minutes, avec une majuscule au début et un unique point à la fin, toute la vie de cette dame, de son mari, de ses proches, de ses chiens et de sa maison. Je pense qu'elle avait envie de parler à une nouvelle tête.















Une fois chez Monia, en attendant le réveil de Florence je pars me promener dans les environs. La forêt a été aménagée pour le Noël des enfants du village: on y croise pêle-mêle, perchés dans les arbres, gnomes, nains, Dora l'exploratrice, Batman, des transformers, Elsa, Olaf et bien d'autres.


Mardi 12: Anse à Valleau / Québec
- Nuit: chez la mère de Florence
Nos enfances les yeux plongés dans Tétris auront donc payées: il faudra bien des efforts pour faire rentrer vélos et sacs dans voiture de Monia. Elle nous dépose le matin à Rivière-Au-Renard ou nous attendons le bus vers Sainte-Anne-des-Monts. Les côtes du nord-est de la Gaspésie sont ravageuses: sans aucun doute le plus difficile était à venir. Et nous voilà, sourires aux lèvres, pouffant de rire depuis le confort de nos sièges, à nous imaginer haleter sur l'asphalte brûlant.
Très vite après Saint-Anne on embarque Marie, autostoppeuse belge de visite en Gaspésie entre deux semestres de son doctorat. Elle nous attendra quelques heures sur la plage, au bord de l'eau du village où nous rendons visite à la tante et l'oncle de Florence.
Visite qui se terminera par une ultime de baignade de Florence, sous mes yeux toujours perplexes quand à l'attrait de l'eau froide.
Elle est étrange cette sensation d'avaler en quelques dizaines de minutes de voiture la distance d'une journée entière à vélo. Derrière le volant, on ne craint ni les dénivelés, ni le vent, ni la pluie, ni le soleil, ni la canicule, ni le froid. Et pourtant à aucun moment je n'aurais voulu tourner la clé du contact les jours précédents.
Mercredi 13: Québec / Montréal
- Nuit: chez soit !
Les vélos sont déchargés, les sacs posés au sol. On dort chez soit ce soir. Après presque deux semaines de camping, il est sans aucune ambiguïté doux de retrouver lit, douche et la lumière connue du soleil se couchant encore une autre fois à travers des fenêtres connues.
Et pourtant.
Et pourtant, sans pouvoir vraiment l'expliquer, je me rends compte que j'aime intimement le voyage à vélo. Bien sûr il y a les douces hormones de l'effort. Évidemment il y a les souvenirs ravivés d'un tour du monde d'une autre époque. Mais quelle est la raison profonde ? Je l'ignore.
Parce que, quand même, dans les côtes raides de la Gaspésie, je me faisais rire intérieurement à me répêter que "c'est dur le vélo, holala, qu'est-ce qu'il faut être con pour faire ça comme sport" !